Veuillez trouver ci-dessous le communiqué officiel de notre structure, envoyé ce soir à l'AFP, précisant le positionnement qu'il nous a paru essentiel d'adopter après la décision de la cour de cassation rendue mardi dernier.
Communiqué de
l’association BABY-LOUP
La loi, rien que la loi
Désorientés par une décision lourde de conséquences pour le devenir de notre structure, nous avons malgré tout pris la décision de continuer à oeuvrer en toute neutralité tant que nous le pourrons, entourés de celles et ceux qui partagent notre vision du vivre ensemble.
La crèche Baby-loup a reçu
l'arrêt de la cour de cassation de Paris en audience publique le 19 mars 2013.
Alors même que l’instance prud'homale
de Mantes-la-Jolie et les magistrats de la cour d’appel de Versailles nous ont donné
raison dans notre aspiration à offrir aux enfants un cadre de neutralité
confessionnelle, politique et philosophique en déboutant la partie adverse de
toutes ses demandes, la décision de la cour de cassation nous place aujourd’hui
devant des incertitudes sérieuses.
Attendu que notre constitution
dans son article premier (« La
France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale »)
offre à nos enfants une garantie de neutralité dans les espaces de vie
collective, ce n’est vrai aujourd’hui que pour les crèches de statut public, ce
qui constitue une discrimination envers les enfants fréquentant d’autres
établissements.
Dans le sillage de la loi sur le non-port
du voile à l’école, nous pouvions espérer pour nos enfants le même traitement
que leurs aînés, comme le préconisait d’ailleurs l’avocat général, mais l’arrêt
de la cour de cassation estime que la loi s’arrête aux portes de nos crèches, y
compris celles qui relèvent de l’intérêt général - dimension de notre activité
reconnue par la cour elle-même.
Nous remercions les nombreux
soutiens qui s’expriment depuis quelques jours, reconnaissant bien au-delà de
son territoire d’implantation, la commune de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), un
travail exemplaire effectué depuis maintenant 22 ans.
Nous rappelons cependant que si
la liste de nos soutiens n'est jamais close, il ne suffit pas de s'en réclamer
pour que la parenté avec notre positionnement soit acquise. Nous n’acceptons
aucune instrumentalisation de cette affaire juridique. Nous ne sommes ni des
« nationalistes » étriqués appelants à la reconquête d’une France
fantasmatique, ni des « islamophobes » apeurés par la diversité d’une
terre historique d’immigration. Les concepts à l’emporte-pièce qui gravitent
autour de ce simple fait d’un licenciement pour non-respect du règlement
intérieur ne sont pour nous que des outils de manipulation, que nous nous
garderons bien de relayer et de reprendre.
Pour nous le territoire de la
République est partout où se trouvent
nos enfants. En attendant les suites de ce procès, le fonctionnement de
Baby-Loup restera donc le même : nous continuerons de nous référer à notre
règlement intérieur dans le souci du bien de tous, considérant que nos actions
en matière de droit des femmes, d'insertion, de monoparentalité, d'accueil
d'urgence et de crèche à horaires atypiques gardent toute leur actualité - de
nombreuses réflexions menées par les cabinets ministériels, ayant trait aux
politiques familiales, à l’émancipation des femmes ou à la gestion des cultes,
le soulignent.
Les professionnels de la petite
enfance, les femmes issues de quartiers difficiles, les administrateurs bénévoles
que nous sommes maintiennent leur priorité : l’épanouissement des enfants dans
le respect de l’égalité. En attendant que le législateur apporte une
clarification à cette situation, nous continuerons d’être dévoués à notre
mission et aux différents champs d’interventions qu’elle appelle, notre souhait
le plus cher restant de pouvoir continuer à construire chaque jour ce
« vivre ensemble » qui chez nous, sur le terrain, n’est pas qu’une
notion théorique, matière à discussion, mais d’ores et déjà une réalité
partagée.