Voici une transcription de son intervention, revenant sur les dernières années mouvementées de l'association.
Examinons ensemble le litige appelé
« l’affaire du voile ». Qu’est que cette situation nous a révélé ? Que nous a-t-elle dit du cadre légal dans le secteur de la petite enfance, des
relations de pouvoir dans les quartiers, de la fragilité de certains de nos
acquis ? Nous allons tenter de le comprendre aujourd’hui.
Historique du conflit
Cette affaire éclate en 2008, après le retour d’une de nos salariées à la fin de son congé parental. Mme Afif avait été embauchée dans le cadre d’un contrat CES. Très vite, elle se révèle une personnalité charismatique de l’équipe. Soutenue par l’association, elle part en formation qualifiante. Dès 1994, elle commence à porter un voile par conviction religieuse, mais seulement dans sa vie privée : à l’école d’Educateurs de Jeunes Enfants, dans la crèche et dans toutes les activités concernant sa fonction salariale, elle ne le portait pas. Systématiquement, nous faisons référence au règlement intérieur de l’association – elle commencera à « oublier de retirer son voile » seulement vers 2000/2001 –, selon lequel les convictions religieuses de chacun ne concernent pas le fonctionnement et l’activité de l’association.
Ainsi, en 2001, nous lui avons rappelé clairement par écrit que l’accueil des enfants devait se faire en toute neutralité, en respectant les convictions et la diversité culturelle de chacune des familles accueillies dans la structure ; une exigence impliquant un personnel neutre. Ces conditions de travail, Mme Afif les connaissait parfaitement, puisqu’en 2001, alors qu’une autre salariée qui revenait après 6 ans de congés parentaux souhaitait également travailler avec son voile, cette même Mme Afif, en entretien professionnel avec celle-ci, lui a clairement demandé de respecter les termes du règlement intérieur sur ce point (comme en témoigne un document écrit et versé au procès). Le port du voile n’est pas un souci tant qu’ il reste dans le cadre privé et est enlevé sur le lieu du travail, comme avec toutes les autres salariées de confession musulmane. Mme Afif le faisait d’ailleurs auparavant, d’autres collègues de même confession respectant scrupuleusement cette clause du règlement intérieur.